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Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle

Une nouvelle façade a été installée à l'entrée de la rue d'Alzette.

Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle
Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle
Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle
Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle
Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle
Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle

Sculpture "Le prisonnier politique" de Wercollier

Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle

La baraque de Hinzert faisait partie d'un camp spécial SS près de Trèves où des Luxembourgeois avaient été déportés.

Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle
Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle

Franck Schroeder, directeur du MNRDH

Musée national de la Résistance et des Droits humains

Une architecture au service d’une mémoire vivante et essentielle

Après une réouverture partielle et provisoire il y a deux ans dans le cadre de « Esch2022 », le Musée national de la Résistance et des Droits humains (MNRDH) à Esch/Alzette a rouvert dans son intégralité le 1er mars 2024. L’exposition permanente est désormais déployée sur deux étages dans la nouvelle annexe située à l’arrière du bâtiment principal. Cette extension a été érigée à l’emplacement d’une ancienne demeure située au 136 de la rue de l'Alzette, acquise par la Ville et démolie car elle ne présentait aucun intérêt architectural ou historique notable.

Dans cette nouvelle structure, conçue comme une « black box », se trouvent également, au sous-sol, des espaces pour les expositions temporaires, ainsi que des zones dédiées à l’administration, à l’accueil des visiteurs et à la tenue d’ateliers.

L’exposition permanente trilingue (français, allemand, anglais) aborde divers sujets autour de la période de la Seconde Guerre mondiale, tels que : l’entre-deux-guerres, la vie sous la dictature et la répression, les réactions de la population, les structures nazies, les camps de concentration et la Shoah, ainsi que l’après-guerre. La célèbre sculpture « Le prisonnier politique » de Lucien Wercollier fait également partie de l’exposition permanente.

Le musée comprend aussi un espace commémoratif avec des urnes contenant de la terre provenant de différents camps de concentration, ainsi qu’une section dédiée à la présentation des droits humains et de la résistance civile.

La façade déchirée

Une nouvelle façade a été installée à l’entrée de la rue de l'Alzette. Composée de briques sombres formant des panneaux en saillie empilés les uns sur les autres, cette façade présente en son centre vitré une sorte de déchirure – un choix architectural évoquant la blessure profonde qu’a représentée la période de la Seconde Guerre mondiale.

La scénographie de l’exposition permanente a été entièrement repensée pour être globale, cohérente et humaine, mettant en dialogue les grands faits historiques, l’analyse du phénomène de nazification et de nombreux destins individuels.

L’une des forces de cette exposition est de mettre en lumière les mécanismes d’un État totalitaire et les diverses réactions de la population – collaboration, résistance, apathie, stratégies de survie. Le message essentiel est que l’histoire peut se répéter, avec toutes ses discriminations et atrocités, si nous n’y prenons pas garde.

Tout au long du parcours, la présentation reste passionnante et jamais redondante, associant de façon lisible et fluide de nombreux éléments : objets, textes, documents, films vidéo, extraits sonores, timelines historiques. Au premier étage les visiteurs peuvent découvrir et s’immerger dans la baraque de Hinzert, une structure qui faisait partie d’un camp spécial SS près de Trèves où des Luxembourgeois avaient été déportés.

Le projet de rénovation et d’agrandissement du MNRDH a été réalisé par le bureau Jim Clemes Associates. Le bureau NJOY architecture inside (dirigé par Nathalie Jacoby) a conçu l’architecture intérieure, la muséographie ainsi que l’éclairage en collaboration avec ArchitecturalLighting.

www.mnr.lu

Trois questions à Franck Schroeder, directeur du MNRDH

« Raconter une histoire complexe de façon claire et sans négliger aucun aspect »

Wunnen : Quel est l'objectif de ce musée, quel est le public visé, alors qu’on vit une époque où on voit ressurgir des extrémismes idéologiques, des rejets de l’autre, la tentation de l’autoritarisme … ?

Franck Schroeder : Lorsque le musée a été fondé en 1956, les événements de la Seconde Guerre mondiale étaient encore frais dans toutes les mémoires. À l'époque, le musée servait principalement à préserver les souvenirs des survivants des camps de concentration. Aujourd'hui, le MNRDH s'adresse à un public beaucoup plus large, offrant des explications détaillées sur le régime nazi, les conséquences des dictatures, et les diverses réactions de la population, telles que la collaboration, la résistance, et la persécution des minorités. Le musée souligne également l'importance de lutter contre les discriminations contemporaines, qu'elles soient systémiques ou étatiques.

Comment ces objectifs ont-ils imprégné le travail des architectes ?

La collaboration avec les architectes a été guidée par la mission didactique du musée. Il faut d’abord relever la singularité de la façade de l’annexe rue de l’Alzette, conçue par le bureau Clemes. Cette forme et ces matériaux donnent l’idée d'une société déchirée, fracturée, qui a besoin de guérir et de se réinventer. Les briques sombres, toutes différentes, représentent les histoires individuelles des personnes affectées par la guerre. En ce qui concerne le contenu, il y a eu une très grande réflexion de la part du bureau NJOY. La scénographie a dû s'adapter aux particularités physiques de l'annexe, tout en offrant une exposition riche, émouvante et interactive. Bien que l’espace soit limité à une structure de 7 mètres de large et 20 mètres de profondeur, les concepteurs ont créé un environnement dynamique avec plusieurs niveaux de lecture, où le public peut interagir avec divers éléments.

Il y a un contraste saisissant entre la clarté et le dépouillement du bâtiment principal, datant de 1956, et la densité expressive dans les étages de l’annexe…

Le bâtiment des années 50 possède de très belles proportions. Il était clair dès le départ qu'il fallait le préserver au maximum, le rénover sur le plan technique, mais en aucun cas le dénaturer. Tout ce qui a été changé, par exemple la structure d’accueil, ce sont juste des modules posés dans l'existant. Les matériaux d'origine, comme le travertin au sol et le marbre vert, ont été conservés, et la verrière a été remplacée par un plafond LED pour une luminosité homogène. L'espace ample et lumineux du bâtiment principal est propice à la méditation et à l'organisation de diverses manifestations.

L'annexe, en revanche, est plus dense en contenu, car nous racontons et expliquons une histoire extrêmement complexe et que nous ne voulions négliger aucun aspect. Mais nous nous sommes efforcés de le faire avec une clarté dans l’organisation des contenus, une bonne lisibilité des textes et de nombreux éléments interactifs. Pour que l’expérience de chaque visiteur soit marquante et unique et que chacun puisse approfondir certains aspects s’il en ressent l’envie.

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