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 Une restauration exemplaire
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A l’étage, les pièces nobles ont retrouvé leurs proportions d’origine grâce à la suppression des faux plafonds et des cloisons.

 Une restauration exemplaire
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Depuis sa restauration, le bâtiment est utilisé par la commune comme salle de mariage et de réception.

 Une restauration exemplaire

Au-dessus des faux plafonds, on met à jour de beaux papiers peints datant de la fin du 19e siècle. Un de ces papiers peints est restauré et maintenu en place.

 Une restauration exemplaire
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La restauration de la façade a été réalisée par des tailleurs de pierre formés en tant que Compagnons du Tour de France. Leur signature est apposée au moyen de la figure de la salamandre sculptée en façade.

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Maison Dufaing Walferdange

Une restauration exemplaire

Magnifiquement restaurée en 2009, la Maison Dufaing est un joyau architectural dont peuvent être fiers les habitants de la commune de Walferdange.

Si vous traversez Walferdange sur la N7 et que vous vous engagez sur le rond-point des Roses, vous apercevrez certainement une bâtisse très élégante sur l’un des côtés, se tenant en retrait de la place des Martyrs. Il s’agit de la Maison Dufaing, bâtiment datant du 19e siècle, utilisé aujourd’hui comme salle de mariage et de réception pour la commune.

Il y a dans ce bâtiment quelque chose de spécial qui happe immédiatement le regard, un raffinement de la façade, ses fenêtres plein cintre surmontées de quadrilobes et son belvédère crénelé. Posé sur la place des Martyrs, le bâtiment jouit d’une vue dégagée sur la perspective de la route de Diekirch et le site eduPôle.

La préservation d’un bâtiment historique ne tient parfois qu’à un fil, ou à l’intervention d’une personne qui se trouve au bon moment au bon endroit. Ainsi, peu de temps après sa prise de fonctions en tant qu’architecte communal, en 2007, Gilles Dansart est interpellé par le cas de ce bâtiment délabré qui est inscrit dans le portefeuille immobilier de la commune. Il alerte le collège communal sur la valeur historique de la Maison Dufaing et sur son potentiel de réhabilitation. Mais que faire de ce bâtiment atypique, trop petit pour y assigner une fonction importante, trop grand pour être oublié et mis de côté ? Les édiles décrètent que la Maison Dufaing doit être sauvegardée et qu’elle sera aménagée pour accueillir une salle de réception festive. Les travaux de restauration sont entamés en 2008.

Conception bourgeoise inspirée par le Moyen Âge

Revenons un siècle et demi en arrière. Vers 1850, le village de Walferdange est situé en pleine campagne et dominé par deux bâtiments de prestige, le château royal datant de 1828 et l’église paroissiale construite en 1845. C’est dans ce contexte qu’Henri Dufaing demande au jeune architecte Charles Arendt de lui construire un petit pavillon de plaisance avec jardin, à proximité immédiate des deux édifices précités. L’ouvrage est achevé en 1852. Il s’agit d’une des premières réalisations de Charles Arendt, qui est appelé à une destinée glorieuse : entre 1858 et 1898, il deviendra architecte de l’Etat et accomplira une œuvre monumentale, avec de très nombreux bâtiments publics qui font partie du patrimoine national.

Henri-Antoine-Joseph Dufaing, né en 1806, est le rejeton de la famille « du Faing d’Aigremont », une ancienne lignée noble luxembourgeoise qui va d’ailleurs s’éteindre avec lui, car il ne laissera aucun descendant. Henri Dufaing a fait carrière dans l’administration à la Justice de paix et à la Chambre des comptes. Sa sœur Elisabeth fonde au Grand-Duché la congrégation des Franciscaines de la miséricorde. Au-delà de sa fonction de loisirs, le pavillon à Walferdange reflète les ambitions de son propriétaire, qui souhaite affirmer sa réussite sociale par un geste architectural d’autant plus représentatif qu’il se trouve dans le voisinage immédiat du château royal et de son parc d’agrément. En même temps, il s’inscrit dans une mode suivie par nombre de familles distinguées de l’époque, qui consiste à se doter de petits pavillons de plaisance en dehors de la ville pour profiter des paysages naturels, mais pas trop loin quand même. Conçus comme des caprices architecturaux, ces pavillons sont destinés au délassement et la convivialité : on les appelle d’ailleurs « vide-bouteilles », les caractérisant ainsi comme un lieu où l’on peut se reposer en vidant une bouteille de bière ou en savourant une bonne tasse de lait.

Consciente de l’importance patrimoniale du bâtiment, l’administration communale a obtenu son classement comme monument historique.

Pour la conception de la Maison Dufaing, Charles Arendt s’inscrit dans la mouvance architecturale inspirée du Moyen Âge. Il laisse libre cours à la fantaisie et à la liberté, mélangeant réminiscences gothiques et romanes, empruntant jusqu’à des caractéristiques orientales. Le bâtiment Dufaing constitue l’un des premiers exemples de l’historicisme au Grand-Duché. Le bâtiment se caractérise principalement par sa façade d’apparat finement dessinée, parfaitement symétrique. La profondeur est suggérée par de légers décrochements d’angles, de bandeaux, de frise d’arceaux, par le contraste entre les vides et les pleins et également par l’avancée polygonale de la terrasse en escalier et le balcon en saillie à hauteur de corniche. Le sommet est couronné par un belvédère aérien, conçu comme une bretèche crénelée avec un léger garde-corps en fer forgé. Le Moyen Âge est évoqué par les créneaux et les motifs quadrilobes. Les pièces du rez-de-chaussée sont voûtées. La circulation verticale entre le rez-de-chaussée et le premier étage n’existe pas à l’intérieur du bâtiment, mais seulement par le biais des deux volées d’escaliers extérieures qui flanquent la terrasse-perron. Lors des réceptions que tiennent les Dufaing à la belle saison, le rez-de-chaussée est dédié aux fonctions utilitaires tandis que les convives montent à l’étage noble par le double escalier extérieur.

Au fil du temps

Après la disparition de la lignée des du Faing d’Aigremont, la commune de Walferdange récupère la maison en 1867 et lui attribue différentes affectations au fil des ans. En 1878, l’architecte Charles Arendt remanie le bâtiment de manière à ce que plusieurs fonctions puissent s’y dérouler. Il aménage une salle de classe en supprimant un mur de couloir. Il rajoute également une cage d’escalier intérieure permettant un accès à tous les étages. Jusqu’en 1920, le premier étage abrite une salle d’école pour jeunes filles, tandis que les Sœurs de la Doctrine chrétienne logent dans les combles réaménagés. A partir de 1920, la maison Dufaing ne sert plus qu’à des fins de logement, d’abord pour les religieuses, puis pour des ouvriers communaux et des populations immigrées. Au fil des décennies, la maison Dufaing est peu à peu abandonnée avant de tomber dans l’oubli et de n’intéresser plus que les architectes et quelques historiens. Menacé par la décrépitude, le bâtiment est sauvé par les responsables communaux qui prennent la décision de restaurer l’édifice.

La Maison Dufaing a quelque chose de spécial qui happe le regard, un raffinement, une allure, une dignité… Elle constitue un bout d’histoire sauvé de l’oubli par des passionnés d’architecture.

La restauration

Consciente de l’importance historique et architecturale que revêt la demeure, l’administration communale demande le classement comme monument historique de la maison, et engage une collaboration avec le Service des sites et monuments nationaux (SSMN). Ce dernier effectue des recherches et des analyses pour s’assurer de l’état d’origine du bâtiment. Un plan de restauration est élaboré et les travaux commencent en 2008, sous la supervision de l’architecte communal Gilles Dansart. L’objectif est de rendre son aspect original au bâtiment et de minimiser les ajouts contemporains.

En accord avec le SSMN, Gilles Dansart fait appel à des entreprises spécialisées pour les travaux de restauration portant sur la toiture, les pierres, les enduits, les plafonds et la menuiserie. Démoli dans le courant du 20e siècle, l’escalier extérieur monumental est rétabli pour l’accès au perron du premier étage. Au premier étage, les pièces nobles retrouvent leurs proportions d’origine grâce à la suppression des faux plafonds et des cloisons. Les anciens plafonds en stuc sont restaurés et les moulures manquantes sont recréées à l’identique. Au-dessus des faux plafonds, sont mis à jour de beaux papiers peints datant de la fin du 19e siècle. Un de ces papiers peints est restauré et maintenu en place.

Lors de la démolition de cloisons dans le grand salon, l’emplacement d’une cheminée est identifié. Une cheminée en marbre blanc datant de la même époque ainsi qu’un grand miroir au cadre doré sont réinstallés afin de compléter le décor intérieur. Dans le petit salon, une porte à deux battants provenant du château de Walferdange trouve sa place et est restaurée par Tilly Hoffelt, restauratrice diplômée auprès du SSMN.

La restauration de la façade et des éléments sculptés de la balustrade est prise en charge par l’entreprise Chanzy-Pardoux, qui emploie à cet effet des sculpteurs formés en tant que compagnons du Tour de France. Des éléments du décor en pierre, fragilisés par le temps, sont retaillés et remplacés. Les matériaux et les couleurs sont choisis afin de se fondre complètement dans les éléments de l’époque. Les vitraux en place n’étant pas d’origine et comme ils étaient en très mauvais état, il est décidé de les remplacer par du verre coloré (« verre cathédrale »).

Enfin, pour répondre aux normes d’accessibilité actuelles, un ascenseur panoramique est ajouté sur le côté du bâtiment, sans dénaturer le caractère historique de l’ensemble.

Après deux ans de travaux minutieux, l’édifice retrouve enfin son lustre d’antan. Depuis sa restauration exemplaire, la bâtisse est utilisée comme salle de mariage et de réception, et elle sert également de galerie d’exposition. Vestige du passé, la Maison Dufaing a retrouvé une place dans le présent des habitants de Walferdange.

Photos : P. Lobo

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