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Publié le mercredi 18 octobre 2023

Waldbillig

Un village au charme assumé

Il plane dans l’air purifiant de Waldbillig un désir de rédemption, un désir de retour à la nature, d’animaux de ferme et d’arbres fruitiers. Situé au cœur du Mullerthal, le village a su garder son caractère rural et un développement à taille humaine

Pour ce reportage, nous sommes allés visiter un village typique de la région Mullerthal, Waldbillig, Waldbëlleg en luxembourgeois, qui est à la fois village et chef-lieu de la commune qui porte le même nom. Commune qui comprend également les localités de Christnach, Haller, Mullerthal, ainsi que plusieurs petits hameaux. Rien qu’en se promenant dans les rues de Waldbillig et en considérant la physionomie des bâtisses, on sent la volonté des responsables locaux de conjuguer valeur environnementale et valeur patrimoniale du lieu. Placé au milieu d’un paysage riche et fertile, prenant la forme d’un village en étoile, Waldbillig a la chance de ne pas se trouver sur un axe de circulation important. Le trafic automobile se fait au compte-gouttes, la vue des paysages n’est perturbée par aucune construction moderne à plusieurs étages, et, loin de la foule déchaînée, on entend le souffle du vent qui respire bon les plaines vallonnées et les forêts pleines de mystère.

La relative stabilité de la population depuis plusieurs années – autour de 500 habitants – reflète cet attachement à une qualité de vie empreinte de ruralité et de quiétude. Tout en se dotant de différentes infrastructures éducatives, sportives et culturelles, la commune a misé sur la préservation de son capital environnement et patrimoine. Ce choix est plus que compréhensible au regard de la beauté de la région et de son potentiel touristique. Le village se trouve au départ et au croisement de nombreux sentiers pédestres et pistes cyclables qui permettent d’apprécier les attraits du Mullerthal, la forêt et ses rochers, la cascade de Schiessentümpel, ou encore le Golf de Christnach.

Qu’avons-nous vu à Waldbillig ?

Nous avons vu toute une géographie du quotidien à Waldbillig, un territoire singulier, mémoriel et sensoriel, émaillé de vestiges du passé qui continuent d’imprégner l’espace et le temps. Des petites rues tranquilles, bordées de maisons de caractère, des fermes anciennes ou des maisons de maître rénovées, parfois de vénérables bâtisses en ruines attendant leur possible affectation. Nous avons vu des vergers en bordure de village et, même dans le village, des arbres fruitiers, autant de promesses sur troncs de moments gourmands, de fruits juteux, de jus, de gâteaux, de confitures et d’eaux-de-vie. Nous avons vu des moutons paissant tranquillement dans les champs. Nous avons vu des vaches, des silos et des panneaux photovoltaïques dans la ferme agricole Sobipo. Nous avons rencontré le couple Edouard Lies-Weydert, qui pendant près de soixante ans a produit une grande variété d’eaux-de-vie et de liqueurs au sein de la Distillerie du Mullerthal. Nous avons vu la maison natale (« a Nannetts ») de Michel Rodange, poète national luxembourgeois, né le 3 janvier 1827, auteur de l’œuvre majeure « Renert oder de Fuuss am Frack an a Maansgréisst ». Nous avons vu la sculpture du Renert, créée par l’artiste Mario Pessolt, qui trône depuis 2001 devant la mairie au centre du village.

Entre terroir et patrimoine, entre ciel et terre, Waldbillig constitue un exemple de village qui a su chérir son identité, en se montrant respectueux de son patrimoine historique et paysager. Pour le plus grand bonheur de sa population et de ses visiteurs.

Une visite à la distillerie

Un village au charme assumé

Edouard Lies

Un village au charme assumé
Un village au charme assumé

Edouard Lies et Marie-Josée Lies-Weydert nous ont reçu avec grande amabilité dans leur demeure, un domaine fermier de très belle prestance situé en hauteur du village. La distillerie, dont le couple a arrêté l’exploitation en 2012, était l’une des cinq distilleries qui ont coexisté pendant plusieurs décennies à Waldbillig. La distillerie a été fondée en 1808 par la famille Mathias Terrens-Kolkens. Le nom de Lies est lié à l’entreprise depuis 1867 lorsque Michel Lies de Lellig épousa Barbe Terrens. Edouard Lies a repris la gestion de la distillerie dans les années 1950, et, avec l’aide de son épouse, il a poursuivi la production, en parallèle avec son activité agricole, par plaisir de l’artisanat et par tradition familiale. La plupart des fruits utilisés pour la distillation provenaient des vergers que le couple avait lui-même plantés ou alors de vergers situés dans la région. La fabrication portait sur différents types d’eaux-de-vie traditionnelles luxembourgeoises, à base de pommes, de poires, de sureaux, de prunes, de quetsches, de coings, etc.

« On travaillait de 5h du matin à 10h le soir… »
Edouard Lies

« Le bâtiment principal de la ferme a été construit en 1835. Il a été incendié en décembre 1944 lors des bombardements de l’offensive von Rundstedt. Notre famille a dû être évacuée pendant plusieurs mois, tant que les combats ont duré. J’avais 16 ans à l’époque. Nous avons trouvé refuge à Mondercange, chez de la famille. Après la guerre, notre maison « A Wonnesch » a été reconstruite. Dans le village, chaque maison avait un nom, on n’avait pas besoin de numéros. On travaillait beaucoup à la ferme, je commençais le matin à 5h et j’arrêtais souvent à 10h du soir. On devait exécuter toutes les tâches agricoles, et s’occuper aussi de la distillation des eaux-de-vie. On faisait tout nous-mêmes, Marie-Josée et moi. En hiver, il y avait parfois des personnes qui venaient nous aider. Pendant une quinzaine d’années, un Italien a travaillé pour nous à la ferme, il s’appelait Jos Donatelli. Il a épousé une fille du village plus tard. Au cours des années où on a travaillé ensemble, Jos m’a appris l’italien, et moi je lui ai appris le luxembourgeois. Entre 1969 et 1994, j’ai aussi assumé la fonction de bourgmestre, j’étais très engagé dans la vie locale. On a arrêté l’exploitation de la distillerie en 2012, mais on a encore un stock de bouteilles dans notre magasin. Il arrive encore que des touristes ou des promeneurs sonnent à la porte pour acheter quelques bouteilles. »

Le village natal du poète national

Waldbillig est très fier de sa qualité de village natal de Michel Rodange, le poète le plus illustre de l’histoire et de l’imaginaire luxembourgeois. Construite en 1817, la maison où le poète est né en 1827 est aujourd’hui propriété privée habitée par une famille du village. La coutume ancestrale était d’attribuer aux maisons des dénominations reliées à des propriétaires précédents, des professions etc. Ainsi, la maison des Rodange s’appelait « a Nannetts ». Les gens du village appelaient Michel Rodange « Nannetts Mechel ». Comme nombre d’autres immeubles dans le village, la maison a été détruite pendant l’offensive von Rundstedt en décembre 1944 et remise en état après la guerre. Waldbillig a toujours été et reste attaché au poète national. Ainsi, le village a fêté régulièrement les « grands » anniversaires de la naissance de Rodange avec des festivités typiques, tout en éditant des brochures locales.

Serge Boonen, gérant associé Sopibo

Serge Boonen, gérant associé Sopibo

Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé
Un village au charme assumé

Une visite à la ferme

C’est par un matin ensoleillé que nous avons pu visiter la ferme agricole Sopibo, située au nord-est du village, sur un large plateau au grand air. Serge Boonen, l’un des gérants de l’entreprise, nous a fait découvrir les installations et ambiances de ce site qui fait partie du cadre rural de la région.

« Assurer une production de qualité dans le respect des normes environnementales »
Serge Boonen, gérant associé Sopibo

« L’entreprise a été créée en 1985, grâce à l’alliance des fermes des familles Pinnel et Boonen. Je pense qu’il s’agit de la plus ancienne fusion dans le secteur agricole au Luxembourg. L’objectif était d’assurer le développement de l’activité, en joignant les forces, les ressources et les terres des deux familles d’agriculteurs. Le nom « Sopibo » est un abréviatif de « SO-cieté PI-nnel et BO-onen ». L’activité principale est la production de lait. L’exploitation possède un troupeau de vaches allaitantes de la race extensive « Salers ». Les taureaux sont commercialisés dans un programme de viande de qualité en respectant des critères de viabilité environnementale. La ferme est composée de plusieurs structures qui ont fait l’objet d’investissements réguliers depuis des années. Comme les bâtiments possèdent de grandes surfaces de toiture, ils se prêtent bien à la mise en place de panneaux photovoltaïques. A cet effet, nous avons créé une deuxième société, Sopibo Energie sàrl, pour l’exploitation d’équipements d’environ 550  W de puissance. »

Photos : P. Lobo

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