Wunnen

Wunnen Luxembourg
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Publié le mercredi 1er février 2012

Édito

L’air, l’espace, la verdure… and more

Quiconque se passionne pour l'histoire et l'architecture ne peut qu'éprouver une certaine fascination envers le Kirchberg, quartier créé ex nihilo, quartier symbole, quartier visionnaire, vaste miroir de la prospérité et des rêves d'un petit pays que la réussite économique a propulsé dans la cour des grands. Le Kirchberg, comme tout prototype transposé dans la réalité, peut être regardé sous plusieurs angles. On perçoit aisément le caractère représentatif de l'ensemble, la rigueur de son écriture urbanistique, le geste iconique et presque incantatoire que constituent chaque immeuble et chaque fragment d'espace. Ici, le bâti est à la fois geste prosaïque et déclaration de foi : tant qu'on construit au Kirchberg, l'idéal économique est vivace.

Mais le Kirchberg peut également être ressenti, surtout quand on s'y abandonne en tant que promeneur solitaire, comme un territoire singulier, certes géométrique et rationnel, mais dans lequel les humains semblent réduits à de frêles silhouettes fuyantes dans un environnement impersonnel et aseptisé. Fonctionnel et imposant, mais pas vraiment porté sur la convivialité. Nous viennent à l'esprit des images du quartier uniformisé de « Playtime » (Jacques Tati) ou de la ville désincarnée et minéralisée de « L'éclipse » (Michelangelo Antonioni).

Depuis quelques années déjà, les planificateurs semblent avoir pris conscience de l'impérieuse nécessité d'apporter plus de vie et de chaleur humaine au Kirchberg. Sur le papier et sur le terrain, les structures et les activités se diversifient. Les points de rencontre et d'escapades aussi. Le Kirchberg doit devenir un lieu plus dense sur le plan du bâti et plus riche au niveau des interactions humaines. Pour cela, il importe que les usagers du Kirchberg – habitants, travailleurs, visiteurs - apprennent à ne plus se mouvoir exclusivement de façon rectiligne, mais qu'ils s'inventent de nouvelles trajectoires, rondes et sensuelles. Ces sentiers-là, libres et graciles, ne peuvent pas être ordonnés : davantage que n'importe quel plan directeur, c'est le temps qui les forgera et qui se chargera ainsi de donner de la substance au quartier.

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